« Je voulais suivre la pensée et les actions de mon protagoniste. En découvrant les recoins de sa maison, j’ai essayé d’entrer dans son esprit, de reconstruire les associations qu’il avait et de suivre les voies de sa perception. Les images empruntées aux magazines pornographiques enveloppent la réalité́ d’un épais filet de nuances sexuelles, elles effacent notre perception jusqu’à présent de cet espace, et elles violent son innocence, son image digne. Les photos d’archives– comme dans un kaléidoscope– clignotent avec des souvenirs peu clairs. La banalité́ perturbée des intérieurs présentes évoque l’anxiété́ et nous met en alerte. Les rêves se transforment discrètement en matières et les fragments de sensation scintillent compulsivement dans la mémoire. L’air vibre de désir ».

Paul di Felice / Krystyna Dul

Pour Aedicula, Claudia Passeri est partie en mission photographique dans la région du Furlo en Italie attirée par des forces intérieures, les souvenirs inoubliables de son enfance, la nature grandiose aux proportions démesurées et les terres témoignant de toute l’histoire de l’Italie de la préhistoire, passant par l’Antiquité́ jusqu’aux temps modernes et de ses conflits. L’artiste a rapporté un nombre impressionnant d’images.

Commence alors la sélection des images et la mise en forme de deux façons – la mise en pages des images en journaux sans texte et leur disposition sur la structure en forme de présentoirs à journaux sur-dimensionnelle, pyramidale et impressionnante. L’installation photographique devient ainsi œuvre conceptuelle et les images deviennent des pensées visuelles.

Le détournement et la réappropriation des codes du journal et du lieu sacré, comme leur association invitent à créer des nouveaux liens, à perdre et reprendre conscience et à entrer avec une grande liberté́ dans des questionnements non conventionnels. Nous conduire à la résistance et tenter de penser l’universel, n’est-ce pas cela aussi le rôle de l’artiste ?

Danielle Igniti